Conservation des légumes




Autant le potager peut donner, autant il a toujours été important de pouvoir conserver le produit. 

L'hiver canadien, avec ses froidures et ses poudreries, impose à chacun de savoir s'alimenter sainement, de façon substantielle et réconfortante. Le garde-manger doit pourvoir.

Le caveau

Les légumes racines - patates, navets, carottes - ont ceci en commun, qu'étant donné un système adéquat de conservation, les provisions peuvent durer d'une récolte à l'autre.
C'est le caveau qui remplit le mieux cette fonction. Et c'était l'une des premières installations à pourvoir lorsque le jeune marié agriculteur prenait possession de sa première terre.
Et c'était l'ainé, le patriarche, le grand-père, qui enseignait au jeune homme la meilleure façon selon la nature du sol et sa configuration, de creuser et installer le caveau à légumes.
Il y avait en cela une très vieille tradition. L'on a retrouvé les vestiges de caveaux chez les plus anciens peuples agriculteurs, sur tous les continents. Nos colons de Nouvelle-France apportaient avec eux, non seulement le savoir en matière de caveaux qui date de plusieurs siècles en France, mais aussi le savoir transmis et assimilé provenant des Celtes, des Saxons et des Vikings.
Car le caveau n'était pas, et n'est pas, un simple trou dans la terre. Selon qu'on l'établit dans un sol sablonneux, un sol d'humus riche, ou de terre glaiseuse. Il sera plus ou moins profond plus ou moins ventilé, et son drainage essentiel sera plus ou moins compliqué.
L'on doit arriver à un abri sombre, frais mais sans gel, et de température aussi constante que possible, ne dépassant pas 15F.
L'accès en était facile, la distance de la maison assez courte pour que l'entretien d'un passage d'hiver ne soit pas une tâche surhumaine.
Des les premiers établissements agricoles de la colonie, jusqu'à ces récentes décennies où l'agriculture au Québec se mit en tête d'être mécanisée, industrialisée et spécialisée, le caveau avait sa tranquille place d'honneur près de la maison. Il se peut bien qu'il reprenne ce rang respecté à mesure que se manifeste une agriculture parallèle, en révolte contre l'industrialisation, et qui présage d'un retour à la terre nourricière, d'où tirer la plus grande partie de la survie. Comme elle était autrefois, et comme elle fut supplantée par l'industrie et la mécanique.
Le caveau ayant été conçu selon les règles, le jardin venait le remplir. Patates et navets étaient conservés dans le sable sec, de même que les carottes. Les choux d'hiver, même s'ils ne sont pas des légumes racines, allaient au caveau. Débarrassés d'un surplus de feuilles; ils étaient pendus par la queue aux solives de l'abri, de même les oignons.
Les haricots à faire des fèves, pour autrefois les cassoulets, et plus tard les fèves au lard, étaient d'abord, selon les caprices du temps, séchés au soleil. Si l'on ne disposait pas d'un grenier sec et sans gel, les plants étaient pendus au caveau et le dernier séchage se faisait dans le caveau.
Les provisions étaient abondantes; à la mesure des besoins de la famille, presque toujours nombreuse, en santé, travaillante et dotée d'une solide appétit.
Il fallait durer, dans les légumes de base, jusqu'à la prochaine récolte, et le caveau le permettait.

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